Qu’est-ce qu’un pont thermique et comment peut-on le traiter ?
Un pont thermique est une zone d’une construction où il y a une interruption ou une diminution de l’isolation thermique, entraînant une perte de chaleur plus importante que dans les autres parties de la structure.
Le pont thermique est problématique car il augmente les pertes de chaleur et peut entraîner une consommation énergétique plus élevée pour le chauffage ou la climatisation. De plus, il peut être à l’origine de problèmes de condensation et de moisissures en raison des différences de température. Pour l’éviter, une attention toute particulière doit être portée à l’isolation continue de l’enveloppe du bâtiment et aux détails de construction lors de la conception et de la rénovation des bâtiments.
LE VOCABULAIRE PEUT être trompeur !
Contrairement à ce que la terminologie pourrait laisser entendre :
- Le “pont thermique” est problématique, car il traduit une perte de chaleur.
- A l’inverse, la “rupture de pont thermique” est bénéfique, puisque c’est l’action qui vient contrer le phénomène négatif de pont thermique.
Ou trouve-t-on le plus souvent un pont thermique ?
Le phénomène de pont thermique peut se produire en différentes zones de l’habitat, notamment :
A la jonction des murs et des planchers
Là où les murs de l’habitat rencontrent les planchers, des interruptions dans l’isolation peuvent créer des ponts thermiques.
Dans les coins et angles
Les angles des murs peuvent être des zones de moins bonne isolation.
Au niveau des ouvertures pour les portes et les fenêtres
Les cadres de fenêtres et de portes, s’ils ne sont pas correctement isolés, peuvent permettre des fuites thermiques (chaud ou froid).
Au passage des tuyaux et des câbles
Les trous percés pour les tuyaux et les câbles encastrés peuvent aussi créer des ponts thermiques s’ils ne sont pas entièrement et correctement scellés.
Comment savoir si on a un pont thermique ?
Des méthodes plus ou moins sophistiquées existent pour repérer la présence d’un pont thermique. Une première analyse peut être effectuée simplement, sans l’aide d’outils de diagnostic particuliers.
Détection manuelle des zones froides
En hiver, passez la main sur les murs, les coins et en particulier autour des fenêtres et des portes. Si vous ressentez une différence de température, il y a probablement un pont thermique à l’endroit de la zone froide, indiquant un défaut d’isolation.
Contrôle visuel de condensation et de moisissures
En cas de pont thermique, la différence de température entre intérieur et extérieur entraîne un phénomène de condensation, c’est-à-dire d’accumulation de gouttes d’eau plus ou moins importante. Cette condensation, qui se traduit par de la stagnation d’humidité, génère elle-même rapidement la formation de moisissures.
La présence de condensation et/ou de moisissures sur les murs, les coins et en particulier autour des fenêtres et des portes est un signe d’un probable pont thermique.
Question poésie : c’est quoi le point de rosée ?
La condensation est un phénomène physique où la vapeur d’eau présente dans l’air se transforme en eau liquide. Cela se produit lorsque l’air humide est refroidi jusqu’à ce que la température atteigne son point de rosée, c’est-à-dire la température à laquelle l’air ne peut plus contenir autant de vapeur d’eau, et où celle-ci commence à se condenser en se transformant en eau liquide.
Si ces premières investigations semblent démontrer la présence de ponts thermiques ou si vous avez des doutes quant à la qualité de l’isolation, des méthodes professionnelles sont à envisager.
Utilisation d’une caméra thermique : La thermographie
Une caméra thermique est un outil très efficace pour repérer un phénomène de pont thermique. Elle visualise les variations de température sur les surfaces d’un bâtiment. Les zones froides appaissent en bleu ou en vert (couleurs froides), tandis que les zones chaudes sont en rouge ou en orange (couleurs chaudes) : on visualise ainsi précisément les zones
Consultez notre article : Passoires thermiques : comprendre, identifier et rénover. Votre logement est mal isolé ? On dénombre aujourd’hui plus de 5 millions de logements énergivores en France. Vous pensez habiter une de ces passoires thermiques ? Voici comment cerner ses besoins pour envisager les rénovations nécessaires.
Utilisation d’un thermomètre infrarouge
Plus précis qu’un toucher, un thermomètre infrarouge peut être utilisé pour mesurer les températures de différentes surfaces. Des différences de température peuvent indiquer un pont thermique.
Test d’infiltrométrie (Blower Door Test)
Ce test consiste à dépressuriser un bâtiment et à utiliser un appareil pour détecter les fuites d’air. Les fuites d’air localisent elles-mêmes les ponts thermiques.
Audit énergétique
Le recours à un professionnel pour réaliser un audit énergétique peut être très utile. Ces professionnels utilisent des outils spécialisés pour identifier les ponts thermiques et plus globalement les défauts d’isolation, en établissant notamment une hiérarchie des problèmes rencontrés, puis des solutions potentielles.
A noter que le jeu doit en valoir la chandelle ( !), dès lors que ce type d’audit coûte entre 800 et 1 500 € !
Qu'elles sont les incidences chiffrées de la présence de pont thermique ?
Cela dépend évidemment de l’étendue des problèmes rencontrés. Par exemple, pour une menuiserie de porte, de fenêtre ou de baie vitrée :
- Un seul pont thermique a-t-il été identifié dans une zone bien précise de la jonction mur – menuiserie ?
- Ou, l’ensemble de la pose a-t-il été incorrect, entraînant un problème de pont thermique sur toute la jonction mur-menuiserie, avec des pertes de chaleur en conséquence ?
En général, il est estimé que les ponts thermiques peuvent augmenter la consommation énergétique d’un bâtiment jusqu’à 30% dans les cas extrêmes. Cependant, des surconsommations de l’ordre de 5 à 15% sont plus courantes.
Pour donner un exemple et dans le cas d’une maison typique, les ponts thermiques peuvent ajouter plusieurs centaines d’euros par an aux factures énergétiques. Ainsi, si la maison nécessite environ 1 200 euros par an de chauffage, une augmentation de 15% due aux ponts thermiques représentera environ 180 € supplémentaires par an.
Enfin, le phénomène de pont thermique se rencontre plus fréquemment dans l’ancien, où il peut représenter jusqu’à 25% des pertes thermiques totales, alors que pour un bâtiment récent conforme aux normes actuelles, ce chiffre est réduit à environ 5 à 10%. Pourquoi ? Parce que même si ces habitats neufs sont livrés avec une isolation adéquate, des défauts ponctuels de pose peuvent rester à l’origine de ponts thermiques.
Le matériau de fabrication des menuiseries a-t-il une incidence sur les ponts thermiques ?
Oui et non.
Oui, parce qu’à la base, chaque matériau est plus ou moins conducteur. Par exemple, le bois est réputé très peu conducteur, au chaud comme au froid. Ainsi, on peut toucher l’extrémité extérieure d’une bûche dans un foyer de cheminée sans se bruler, alors que son autre côté est en train de bruler. De même, le PVC est réputé peu conducteur. En revanche, l’aluminium, comme l’acier, sont de bons conducteurs thermiques, transmettant chaleur… ou froid !
Mais non au final, parce que les menuiseries en aluminium intègrent une barrière isolante, dite rupture de pont thermique, en mettant en oeuvre deux méthodes :
- Des barrettes isolantes en polyamide
Les barrettes en polyamide sont insérées dans le profilé en aluminium pour séparer les parties intérieure et extérieure. Elles réduisent la conduction thermique et améliorent les performances isolantes de la menuiserie. - Des résines thermoplastiques
Utilisation de résines thermoplastiques injectées entre les parties intérieure et extérieure du profilé en aluminium pour créer une barrière thermique.
Ainsi, le fabricant peut offrir des solutions de menuiserie qui répondent aux exigences thermiques tout en conservant les avantages esthétiques et structurels de l’aluminium et parvenir à des résultats similaires à ceux du bois ou du PVC.
Ici, la rupture de pont thermique est réalisée par l’ajout de barrettes isolantes en polyamide insérées de chaque côté du profilé en aluminium pour séparer les parties intérieure et extérieure et supprimer ainsi le phénomène de pont thermique.
Que retenir au final ?
En matière d’isolation, le choix du matériau des menuiseries, la qualité des double vitrages mis en œuvre ne font pas tout. La pose est également un élément essentiel de la performance car c’est souvent du fait d’un défaut de pose que la présence de ponts thermiques est constatée !
Compte-tenu du coût des matériaux de rénovation et des enjeux financiers à venir en termes de consommation énergétique, la pose des menuiseries par des professionnels agréés est fortement recommandée.
Consultez notre article : Comment choisir votre fenêtre double-vitrage ? Quasiment toutes les fenêtres en rénovation ou en construction neuve sont désormais en double-vitrage. Quelles sont les 3 qualités essentielles à en attendre ?